Comprendre les chiens de protection
Les chiens de protection restent à l’heure actuelle le moyen de protection le plus efficace. Face à la prédation, il est impossible de se passer d’eux, et deviennent partie prenante du paysage montagnard.
Ils contribuent néanmoins à creuser le fossé entre le monde pastoral et celui des activités de pleine nature, souvent par méconnaissance de leur rôle et raisons de leur présence.
Des chiens à ne pas comparer aux autres chiens
Comment reconnaît-on un chien de protection ?
C’est quoi le comportement d’un chien de protection ?
Eduquer un chien de protection : un long processus
Des chiens à ne pas comparer aux autres chiens…
CANIS LUPUS FAMILIARIS ET POURTANT…
Tous les chiens domestiques font partie de la sous-espèce Canis Lupus Familiaris. Le chien de protection aura donc en commun avec les autres chiens la qualité de ses sens. Il a par contre des caractéristiques physiques et comportementales qui le différencient des autres chiens domestiques et qui le prédestinent à la protection des troupeaux.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Ce qu’un humain voit bien à 30 mètres, le chien de protection ne le verra bien qu’à 5 mètres. Il a besoin de s’approcher de très près pour vous identifier.
ATTENTION AUX MAUVAISES PERCEPTIONS…
Les perceptions que l’on a sur les chiens de compagnie servent de référence pour juger les comportements des chiens de protection. Mais on n’attend pas d’un chien de protection la même chose que d’un autre chien.
Il naît au sein d’un troupeau auquel il s’attache, et créé sa référence de confort pour la vie.
Il est confronté à des situations complexes jour et nuit, et s’expose à des situations stressantes et dangereuses en contexte de prédation.
Il doit être autonome dans son travail et prend lui-même ses décisions, contrairement au chien de conduite qui attend les ordres de son maître.
On pense que :
« Un chien est toujours fidèle à son maître. »
Alors que la fidélité du chien de protection va au troupeau.
« Un chien attend toujours les ordres et les décisions de son maître. »
Alors qu’un chien de protection est autonome dans l’analyse des situation et dans les prises de décision.
« Un chien inquiétant doit être attaché ou tenu en laisse. »
Alors qu’un chien de protection ne peut être entravé pour exercer son rôle de protection et de dissuasion.
« Un chien inquiétant doit être accompagné de son maître et ne peut être laissé seul. »
Alors qu’un chien de protection ne quitte jamais le troupeau, même quand le berger ou l’éleveur est appelé à d’autres tâches quotidiennes de son travail.
Comment reconnaît-on un chien de protection ?
DIFFERENTES RACES DE CHIENS DE PROTECTION
Le Patou, gros chien blanc, est le plus connu. Mais il existe plus de 50 races de chiens de protection dans le monde. Les plus courantes en France et en Europe sont :
- Le Montagne des Pyrénées (le Patou)
- Le Berger d’Asie Centrale
- Le Berger de Maremme et Abruzzes (Italie)
- Le Kangal (ou berger d’Anatolie)
- Le Transmontano (Portugal)
- Le Mâtin espagnol
A PLUSIEURS POUR MIEUX PROTEGER
Mathématiquement, le nombre de chiens de protection augmente à mesure que le nombre de loups augmentent. Mais il faut également s’adapter à la constitution en meutes.
Lorsqu’il chasse en meute, les loups déjouent facilement les chiens de protection isolés. Afin de pouvoir protéger efficacement le troupeau face à une meute de loup, il faut nécessairement plusieurs chiens.
Cela permet également aux chiens de se reposer, de les soigner lorsqu’ils sont blessés, de former de nouveaux chiens…
UN ÊTRE VIVANT EPROUVE
Le chien de protection est un être vivant sensible à la fatigue, au stress et à la peur. Ainsi un chien qui n’aura jamais présenté de problème dans son attitude, peut radicalement changer de comportement lorsqu’il se retrouve en contexte de prédation durant plusieurs nuits. Son seuil de tolérance peut par exemple baisser vis-à-vis des autres chiens, ou mettre plus de temps à redescendre en pression devant des intrusions anodines.
C’est quoi le comportement d’un chien de protection ?
Le rôle du chien de protection est la dissuasion. Il définit un périmètre, une zone autour du troupeau et se mettra en alerte dès qu’il se produit une intrusion dans cette zone. Lorsqu’il identifie une potentielle menace :
1. Il aboie
2. Il vient en courant et s’interpose
3. Il identifie le danger
Un chien de défense et non d’attaque
Le chien de protection dissuade en faisant front, il n’attaque pas. Une différence fondamentale qui s’inscrit jusque dans sa génétique et son instinct.
1. Il aboie
Il aboie fort pour donner l’alerte et dissuader : l’aboiement, impressionnant, sera constant durant votre présence dans le périmètre de protection du chien.
2. Il approche en courant et s’interpose
Il approche en courant et s’interpose entre la menace et le troupeau : cette attitude défensive ne signifie nullement qu’il va vous attaquer. Le chien va rester dans sa posture d’interposition, et donner tout ce qu’il a pour vous impressionner.
3. il vous identifie :
Leur vue de jour n’étant pas très précise, le chien doit s’approcher de près pour vous analyser. Il vient au contact pour vous sentir, analyser les messages que vous allez lui envoyer.
Selon votre comportement, le chien peut soit se calmer et retourner au troupeau, soit rester, ou encore vous suivre sur un bout de chemin (les aboiement peuvent durer pendant toute cette période).
Eduquer un chien de protection : un long processus de 2 à 3 ans
O à 3 mois : Etape 1 – IMPREGNATION
Le chien nait et grandit idéalement dans la bergerie, cela construira sa référence de confort. Il est confronté à des stimulis auditifs et olfactifs pour le familiariser avec son futur environnement extérieur. C’est aussi l’étape ou le sevrage doit être conduit avec attention
3 à 8 mois : Etape 2- INTEGRATION
Le chiot est intégré dans son troupeau définitif et doit se familiariser avec les aménagements intérieurs, puis extérieurs, avoir des contacts humains réguliers et également avec les autres chiens de travail.
8 mois à 36 mois : Etape 3 – APPRENTISSAGE ET FAMILIARISATION
Le chien est confronté pour la 1ere fois au contexte d’alpage ou d’estive (étendue, relief, végétation, climat) si possible sans prédation. Il continue d’être confronté aux autres usagers d’activités de pleine nature. les années suivantes, il connaîtra peut-être ses premières expériences de prédation.
Patou, besoin d’un décodeur ?
Différentes vidéos et supports sont à votre disposition pour comprendre le fonctionnement et rôle des chiens de protection, ainsi que les bons gestes à adopter lors d’une rencontre.
