Le loup a complètement disparu de France au cours des années 1930. Cela faisait presque un siècle que le travail en alpage et en estive s’était organisé, génération après génération, sans prédation : mode de gestion extensif, sans clôtures, troupeaux plus grands, garde allégée…
Le contexte de prédation oblige les éleveurs et les bergers à revoir brutalement leur façon de conduire leurs troupeaux. Des mutations d’organisation profondes qui prennent du temps.
Combien y-a-t-il de loups en France ?
Impacts de la prédation sur les troupeaux
Quels impacts de la prédation sur les éleveurs et bergers ?
Combien y-a-t-il de loups en France ?
Longtemps chassé, le loup a complètement disparu de France au cours des années 1930. Devenue une espèce protégée au niveau européen, il a tout doucement recommencé à coloniser le territoire. Ainsi, les premiers loups à être revenus en France provenaient d’Italie. La première détection de l’espèce a eu lieu en 1992 dans le Parc national du Mercantour. Depuis le loup s’est reproduit et est présent sur environ un tiers du territoire français. L’Office Française de la Biodiversité est en charge du suivi de l’espèce et de son comptage via un réseau de correspondant sur le terrain.
Pour en savoir plus, rendez vous sur le site de l’OFB :
Impacts de la prédation sur les troupeaux
Chaque année en France, plusieurs milliers d’animaux domestiques sont victimes du loup. Pour connaître l’état des lieux des attaques en temps rééls, rendez-vous sur Maploup.fr
Cette prédation a de nombreux impacts sur les animaux : en plus des bêtes tuées, d’autres sont blessées et doivent être achevées (souvent par l’éleveur avec ce qu’il a sous la main). Certains animaux sont traumatisés et deviennent craintifs, violents ou stériles. D’autres avortent plusieurs semaines après les attaques.
Génétiquement aussi la prédation a des impacts : pendant des années, les éleveurs sélectionnent leurs meilleurs agneaux issus des meilleurs parents pour perpétuer des lignées de qualité. Certaines lignées disparaissent suite à des attaques, détruisant le travail de plusieurs années.
Quels impacts de la prédation sur les éleveurs et bergers ?
Les impacts sont à la fois :
- économiques : pertes d’animaux, avortements, perte de productivité, frais supplémentaires pour la mise en place de moyens de protection,…
- structurels : modification des pratiques, apprentissage de nouvelles compétences, embauche de salariés,…
- psychologiques : stress, isolement, conflit avec les autres usagers, impact sur la vie de famille, suicide,…
De nombreux éleveurs et bergers abandonnent ces métiers devenant de plus en plus difficiles, et moins de jeunes s’installent mettant en péril l’avenir de cette activité ancestrale.
Ci-dessou des témoignages en vidéos pour mieux comprendre l’impact de la prédation sur le quotidien des gardiens des troupeaux :
Quels impacts pour les territoires ?
Pour les paysages, certains espaces sont abandonnés par le pastoralisme car il y est trop difficile de surveiller le troupeau, ils ne sont donc plus entretenus, se referment, peuvent accentuer les risques d’incendie et deviennent également inaccessible pour toute autre activité.
A l’inverse, le recours au parc de nuit concentre les troupeaux longtemps sur un même espace. Les déjections et piétinements qui sont bénéfiques pour la biodiversité lorsqu’ils s’effectuent sur de vastes étendues, provoquent à l’inverse un appauvrissement de la ressource en herbe et du sol lorsqu’ils se concentrent sur une même zone.
Les moyens de protection contre la prédation
Les éleveurs et bergers disposent principalement de trois grands moyens de protection : les chiens de protections, les filets et parcs électrifiés, la présence humaine.
Les chiens de protection
Ils restent un des moyens les plus efficaces contre les prédateurs. Face à une meute de loups, plusieurs chiens pour le même troupeau seront nécessaires pour déjouer les stratégies des prédateurs, ou permettre aux chiens de se reposer.
Les clôtures et filets électrifiés
Ils permettent de protéger les animaux pour qu’ils ne s’éparpillent pas dans la montagne. Dans l’idéal, les parcs sont situés autour d’un point d’eau, mais aussi proches du logement du berger, pour que ce dernier puisse plus facilement avoir un oeil sur ses bêtes. La nuit, les parcs aident au travail des chiens de protection.
La présence humaine
Elle est indispensable pour protéger les troupeaux en montagne. Il y a quelques années, un troupeau pouvait être gardé par un seul berger. Aujourd’hui, avec le retour du loup, la présence de plusieurs bergers est souvent nécessaire pour assurer une surveillance 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Les techniques d’effarouchement
Elles sont utilisées pour faire peur aux prédateurs (bruits, flash lumineux, ultra-sons,…). Ces techniques sont des solutions à renouveler perpétuellement car les prédateurs s’y habituent vite…
Le travail de débroussaillage
Il est utile afin d’avoir une vue dégagée sur les pâturages et de réduire les zones d’ombre, là où les prédateurs peuvent se cacher.
S’adapter au loup, s’adapter aux chiens de protection
Le retour du loup a-t-il changé votre vie ? Il est difficile de mesurer l’impact de la prédation quand on ne la subit pas au travail, et jusque dans sa vie privée. Vous pouvez par contre prendre votre part dans l’adaptation au retour du loup, en vous adaptant aux chiens de protection, eux aussi de retour par voie de conséquence !